5 mars 2013

Le travail de Didier Rittener

Depuis 2001, Didier Rittener constitue sur papiers calques et avec des crayons gris une collection personnelle d’images et de textes. Ces dessins, Libres de droits, sont inspirés de l’histoire de l’art, de la littérature, de la presse, ils représentent aussi des portraits, des éléments décoratifs. Parfois ne reproduisant qu’un fragment d’image, ces dessins sont prélevés du contexte original de l’image, recadrés au format A4. L’ensemble constitue à la fois la trace d’une mémoire individuelle, celle de l’œuvre en train de se penser et d’une mémoire collective.
« Le choix du crayon gris et la lenteur d’exécution qu’il impose à l’œuvre influence la sélection des sujets. «À la différence de la photographie, que l’on peut immédiatement relier à l’objet réel qu’elle représente, explique Rittener, le dessin offre une référence incertaine au spectateur et questionne la distance entre fiction et réalité, entre mémoire individuelle et collective »…
Le temps investi dans l’exploration réitérée du paysage ou du portrait, ainsi que le passage rapide sur une forme ou un mot, sont tout aussi significatifs que le sujet de l’oeuvre. Ainsi, les motifs apparaissent et s’arrêtent dans Libre de droits, les images projettent leurs récits fragmentaires et s’embrayent les unes après les autres, en intégrant ce processus ouvert ici figé, de façon provisoire, dans la succession chronologique.. »
Tous les dessins Libres de droit sont archivés, numérotés et ont été édités sous la forme de livres.






Les dessins présentés pour l’exposition RE: appartiennent à la série Libres de droit. Marqués par le projet Rivières (pour Royal Garden 4, la revue virtuelle du Crédac à Ivry-sur Seine. http://www.credac.fr/rg-4), les dessins récents de cette série représentent surtout la nature, la rivière, la végétation. Et notamment, une nature qui se situe à quelques mètres des endroits familiers de l’artiste, une nature qu’il expérimente au quotidien mais qui représentée de cette manière par des cadrages resserrés, rejoint une nature dans laquelle nous pouvons tous projeter.
Ces dessins, inspirés des feuillages de Chexbres (La chute d’eau de Marcel Duchamp dans Étant donné) de Monte Verita près d’Ascona au Tessin (lieu d’utopie au début du XXème siècle) ou de Châtillens, sont réalisés en négatif, d’où le titre Impressions négatives. Ensuite, ils sont réimprimés en positif comme le ferait un photographe. Il y a par ce procédé une légère distorsion de l’image (et de la représentation) qui se trouve prise entre deux techniques.
Impression négative se réfère donc à l’inversion du dessin original mais n’est-ce pas, dans une lecture plus personnelle de l’œuvre, un jeu d’inversion des sensations et des sentiments ?

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